Quantcast
Viewing all articles
Browse latest Browse all 285

Van Gogh, Buraglio, mon père et les autres

Image may be NSFW.
Clik here to view.

J'aurais voulu savoir. Au moins pouvoir dire pourquoi cet irrépressible attrait pour la peinture, et pourquoi, dans le même élan, je doute tant de l'aimer.

C'est l'incertaine histoire d'une vocation ambiguë que relate celui à qui Bernard Noël écrit : Vous détestez la peinture pour l'exercer plus intimement, pour la peindre en vous et non plus hors de vous. Une vocation de peintre ? Non. D'amateur de peinture ? Ce n'est pas assuré. À mesure qu'Armand Dupuy dévide le complexe de son obsession pour la peinture, la série de rencontres que suggère le titre prendrait plutôt l'allure d'une course d'obstacles entamée à l'appel d'une voix introuvable, traîtresse ou trop lointaine, trop originelle peut-être.
Ce que ce livre donne à voir littéralement, c'est que le pictural commence toujours bien avant les tubes et les pinceaux, qu'il n'est même pas l'apanage de la peinture, mais qualifie un effort acharné pour arriver à voir, sentir, penser, parler, écrire avec une justesse dont les critères sont dérobés à l'analyse.

C'est l'incertaine histoire d'une vocation ambiguë que relate celui à qui Bernard Noël écrit : « Vous détestez la peinture pour l'exercer plus intimement, pour la peindre en vous et non plus hors de vous. » Une vocation de peintre ? Non. D'amateur de peinture ? Ce n'est pas assuré. À mesure qu'Armand Dupuy dévide le complexe de son « obsession » pour la peinture, la série de rencontres que suggère le titre prendrait plutôt l'allure d'une course d'obstacles entamée à l'appel d'une voix introuvable, traîtresse ou trop lointaine, trop originelle peut-être.
Les rapports contrariés et même douloureux de l'auteur avec l'image fournissent le combustible de cette prose autobiographique qui distille récit, poésie et essai en un mélange aussi inassignable que l'était sa monographie consacrée à Jérémy Liron. Celle-ci était sous-titrée Récits, pensées, dérives et chutes– une formule que l'on pourrait aussi appliquer à ces pages. En effet, qu'elles racontent un apprentissage précoce et fasciné, mais tout livresque et verbal de la peinture ; la découverte consternante, écrasante de la réalité physique des œuvres ; la nausée et le désarroi des tentatives de peindre ; ou, malgré tout, et toujours, l'attrait irrépressible du tableau, elles semblent composées dans le souci ou dans le désespoir de trouver une juxtaposition heureuse d'éléments hétérogènes, une combinaison juste, susceptible de restituer une vérité personnelle seulement entr'aperçue.
« Et c'est ainsi que pense et rassemble sa cervelle, que taillent, coupent et montent ses yeux, par glissades et couleurs s'approchant, se touchant, par lents dérapages sensoriels, par apposition de bourrelets colorés. » Ces lignes décrivent-elles le métier du peintre ou celui de l'écrivain ? Le tourment d'Armand Dupuy – ou faut-il parler de chance ? – est peut-être qu'il n'arrive à le savoir. Ce que ce livre donne à voir littéralement, c'est que le pictural « commence toujours bien avant les tubes et les pinceaux », qu'il n'est même pas l'apanage de la peinture, mais qu'il qualifie un effort acharné pour arriver à voir, sentir, penser, parler, écrire avec une justesse dont les critères sont dérobés à l'analyse.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 285

Trending Articles