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Channel: Éditions L'Atelier Contemporain
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À ton tour

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Cela part d'une enveloppe qui pèse plus que de coutume. C'est le père, écrivain, qui envoie à son fils peintre quelques reproductions de tableaux, assorties de lignes elliptiques : un clin d'œil, un salut, une pensée aimante. Et le fils répond. Par une image, lui aussi, puis une question, une intuition. Le dialogue s'engage. Les lettres se font plus longues et réflexives, plus intimes. Au fil de l'exposé des émotions individuelles et des souvenirs communs, père et fils, d'égal àégal, questionnent une expérience partagée : la peinture, celle que l'on regarde et celle que l'on fait.
À ton tour recueille la correspondance échangée en 2015 et 2016 par John Berger, qui n'était pas moins peintre et critique d'art qu'écrivain, et son fils Yves Berger, lui-même artiste, au sujet de la peinture.

Quelle espèce d'être au monde le geste du peintre inaugure-t-il ? Qu'est-ce au juste que la peinture, comme regard, s'efforce de capter ? Saisit-elle l'éternel ou le fugace ? Autant de questions que poursuit cette correspondance, humblement, sans jamais leur chercher de réponse définitive.
Les lettres s'allongent, s'entremêlent, s'interceptent. Père et fils, sans forcément se répondre point par point, cherchent à se faire écho ; chacun explore son expérience intime pour la mettre en commun et l'enrichir à celle de l'autre. Parfois l'image n'est plus une œuvre de musée, mais un dessin de John ou d'Yves, ou une photographie de leur quotidien respectif (le père vit en banlieue parisienne, le fils demeure à Quincy, en Haute-Savoie) qui soudain entre en résonance avec la discussion. Sont aussi évoqués les grands peintres que John Berger a fréquentés (Oskar Kokoschka, William Coldstream…), des connaissances communes, des souvenirs partagés.
Ce dialogue privé, de par la qualité de sa langue, doit être considéré comme l'un des ultimes écrits du regretté John Berger, disparu en 2017. C'est tout son intérêt de nous faire accéder à la pensée d'un grand écrivain par le biais d'une intimité qui n'exclue pas la profondeur. Les lettres portent en chacune de leurs phrases la trace de la passion qu'il vouait à la peinture en tant que connaisseur, critique et praticien – passion communicative, et qui le liait à son fils Yves, dont la pratique de peintre illumine également la discussion. Car cette correspondance illustre aussi un modèle de relation père-fils, un dialogue d'égal àégal.
Le livre est illustré d'œuvres célèbres évoquées par John et Yves, ainsi que de dessins privés échangés au fil du temps.


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